samedi, 1 décembre 2007

Décembre, un mois grrr!

Par ce titre mystérieux ce cache en fait un coup de gueule de joueur. La fin de l'année avec 2007 avec ses nombreuses sorties ludiques post-Essen laisse en fin de compte comme un arrière goût amer. En effet, beaucoup de jeux manquent d'originalité et ne font que reprendre soit des mécaniques bien connues soit font figure de pâles copies de jeux déjà existants. Et si on dresse un tableau général de 2007, on s'apercevra que finalement beaucoup de jeux sortis cette année ne se démarquent pas fondamentalement de l'ordinaire.

Doit-on s'attendre à une année 2008 morne et banale ? Ou peut-on espérer un renouveau ?

1. Majorités

Les jeux de majorité ne cessent d'innonder le marché, et la tendance ne semble pas prête de s'arrêter. Entre El Capitan (certes réédition de Tycoon, vieux de 7ans, mais quand même, le jeu sort maintenant), Amyitis, King of Siam, Origo, Patrizier ou même notre propre Snipe (Fish n'chips en devenir), la mécanique devient vraiment banale et galvaudée. A croire que les auteurs utilisent cette mécanique sans savoir quelle autre choisir, la solution de facilité. Les premières versions d'Yspahan fonctionnaient par majorité, l'auteur a eu la bonne idée de changer le système. Jusqu' à quand peut-on encore voir des jeux de majorité édités ? N'a-t-on pas atteint un ras-le-bol, légitime?

2. Enchères

Voici encore un mécanisme décidément bien (trop) présent: à enchère ouverte tel que Colosseum, Princes de Florence (également réédité par Ystari cette année), Phoenicia, Goa, de nombreux jeux de Knizia (Modern Art, Ra, Amun-Re et j'en passe), Manila, notre Kat et bien d'autres, ou à enchère fermée / sercrète tel que le suisse Moai, Ys, Comme des Mouches, Trône de Fer, ou le tout nouveau Cuba, cette mécanique revient malheureusement très souvent. Là aussi, on a méchamment l'impression que cette mécanique est une des solutions de facilité.

3. Copies

Plusieurs jeux sortis cette année copie le système / mécanique d'autres précédents jeux, c'est le cas des Piliers de la Terre et de Cuba, des mêmes deux auteurs, qui reprennent largement (honteusement) Caylus et Puerto Rico. Même Age of Empires III, le jeu de plateau, reprend Caylus. En fait, il suffit qu'un jeu innove plus ou moins pour qu'il fasse des adeptes et des "suiveurs". Guerre Froide reprend le black jack par exemple, Miam! s'inspire de Jungle Speed ou le Marché d'Althurien le Monopoly. Les jeux se ressemblent même si l'on remarque de plus ou moins nettes différences. Tout ceci finit par se dire qu'on n'aurait pas dû acheter tel ou tel jeu, car pourquoi en acquérir de nouveaux s'il n'est question que de déclinaisons de précédents?

4. Extensions

Si un jeu marche bien, on peut comprendre l'intérêt financier d'une maison d'édition d'en sortir multiples extensions. C'est le cas de Repos Prod qui nous innonde d'extensions pour Time's Up (boîtes jaune, bleue, violette maintenant), mais surtout pour leur Cash n'Guns (Yakuzas, Live, Uzi... Bientôt Cash n'Guns dans le futur ? Ou aux sports d'hiver?). Cocktail Games sort également leur extension pour leur Kiproko (anciennement Kezako), Ystari pour Mykerinos, Kosmos pour Les Piliers de la Terre, Fantasy Flight Games pour Arkham Horror, voire les multiples extensions et déclinaisons pour les Colons de Katane, les variantes d'Alhambra ou les différentes batailles pour Axis and Allies (Guadalcanal, tout nouveau). Bref, du réchauffé, qui ravira les fidèles (à la poche profonde).

5. Le cas Ystari

Ystari, la maison d'édition, est à elle seule est un cas de figure de manque d'originalité pour certains de leurs choix éditoriaux. Si Ystari sort régulièrement des jeux "maisons", créés et édités par eux-mêmes (Ys, Amyitis, Yspahan, Mykerinos, Caylus), la gamme Ystari simple, la collection Ystari+ co-édite des jeux précédemment déjà édité; ils en retravaillent la maquette (Les Princes de Florence, Taj Mahal), changent peut-être le thème (El Capitan), affinent parfois les règles par-ci par-là, ou ne font que distribuer un jeu en y posant leur griffe (Race for the Galaxy), il n'y a toujours rien de neuf sous le soleil. Ils ont même sorti une version de luxe de leur propre Caylus pour près de 100 CHF ou un Caylus "light" pour les plus pressés. On ne peut toutefois pas leur en vouloir de foncer dans un marché porteur et ainsi de se faire un nom. Coca a bien sorti un Coca Zéro qui n'est que la copie du Coca Light (mais surtout destiné au marché masculin), et ça marche. Est-ce que le consommateur a perdu tout sens de la raison?

6. Gus&Co

Nos jeux Gus&Co ne sont pas mieux, loin de là. Nous critiquons les autres mais nous ne faisons malheureusement pas mieux, à part peut-être avec Poivre&Sel et La Rando retravaillée (et injustement méconnue). Oui, comme auteurs de jeux, il est parfois / souvent difficile d'innover. Mais justement, tout l'intérêt se trouve dans le fait de sortir des jeux à la belle et originale mécanique, non ? Après la lecture des chapitres précédents, apparemment pas. Nous travaillons sur notre nouveau jeu, Bonnes Attentions, et nous voulons justement éviter ces écueils. Y parviendrons-nous?

7. L'avenir?

A voir la pléthore de jeux sortis cette année, il est difficile d'envisager un avenir radieux pour l'originalité dans les jeux. Certes, il arrive de tomber sur une perle, différente, riche et intéressante, telle l'Année du Dragon par exemple, mais c'est de plus en plus rare. Pauchon et ses dés le prouvent, que ça soit dans Yspahan, Jamaica ou son futur Chicago (à peut-être paraître chez Ravensburger), même s'il parvient à les utiliser de façon inhabituelle (la Tour pour les actions, matin-soir dans Jam), il a compris la recette et le prouve en l'exploitant à profusion.

Bref, on a aujourd'hui l'impression que les joueurs et éditeurs ne veulent pas du neuf, mais du bien. Le cas de Colosseum le prouve: thème original, matériel impressionant (et lourd), gameplay fluide et tendu, le jeu a marché du tonnerre à sa sortie cette année, alors que le jeu ne présente AUCUNE originalité. Devrait-on donc abandonner tout espoir d'être surpris pour se laisser émoustiller par des poncifs ludiques mais bien huilés et conjugués? L'avenir nous le dira. Encore faut-il que les maisons d'éditions fasssent preuve de courage pour lancer des OLNIS (objets ludiques non-identifiables), car il est finalement bien plus facile / reposant / financièrement moins risqué de sortir des jeux ou mécaniques de jeux connus.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

-- Pauchon et ses dés le prouvent, que ça soit dans Yspahan, Jamaica ou son futur Chicago
--
Chicago existant déjà, devra-t-il changer de nom ou un jeu peut-il avoir l'exact même nom qu'un autre jeu ?

devoreur a dit…

Les créateurs / auteurs de jeu réfléchissent toujours à un nom pour leur jeu / proto de départ, celui-ci peut changer en cours de développement, et la plupart du temps il est changé par l'éditeur. Rappelons que son Yspahan s'appelait Calife et Marchands (nom un peu indigeste il faut le reconnaître), et qu'il est devenu Yspahan dû à "l'impératif" d'Ystari de mettre des Y-S partout :-)

C'est Pauchon et Bruno Cathala qui ont développé Chicago. Décidément leur partenariat marche à merveille (Animalia, Jamaïca).